Cabotage d’Irlande au Morbihan    (1° partie)

Un Skellig aux Skelligs
Introduction

Après trois semaines d’attente, enfin, les îles Skelligs sont accessibles ! Pour les Irlandais, ce mois d’août c’est comme un mois de novembre ! Rideaux de pluie, tempêtes, rafales, impossibilité d’établir des prévisions.



Pour aborder les Skelligs, ce n’est pas tant le temps mais l’effet combiné des vents et des courants qui rend l’unique petit cale aménagée inaccessible.

Dans l’intervalle, à bord du Skellig II la navigation de baie en baie est tout à fait faisable même avec un voilier de 5,3 m en raison des courtes distances nécessaires pour doubler les caps les plus tumultueux.

La côte basaltique est très découpée, battue par l’Atlantique en bout de course. Cependant certains mouillages ont des allures d’anses toutes méditerranéennes… si ce n’est le soleil qui manque définitivement à l’appel cet été.

En trois semaines, une seule journée sans pluie ! Dépendant de la météo, la suite du périple en Skellig concernera les côtes galloises et anglaises et ensuite la Normandie et la Bretagne.

Le voyage pourrait être mené sur deux saisons si le mauvais temps persiste. Voici le récit envoyé depuis Crosshaven, près de Cork, qui abrite le plus ancien Yachting club du monde (1720).

Contexte

L’herbe plus verte

Bantry bay, baie des anges

L’île Noire

Rideaux de pluie et temps instable cyclonique

Navigation ente deux eaux

Bouées rouges et jaunes

La pêche artisanale en Irlande

Et ailleurs ? Voyants au rouge


Contexte
Faisant suite aux recherches entreprises sur le terrain au Sénégal concernant la pêche et les impacts sociaux, économiques et environnementaux de l’activité humaine sur le milieu marin. (www.senegal-la-mer.org)

Je décide de comprendre ce qui a poussé les unités de pêche à se déplacer plus au sud et de cerner l’avenir de la pêche traditionnelle en Europe.

Un retour en Europe en été me permet de mettre sur pied cette approche. Pour se faire, quoi de mieux que de caboter à bord d’un voilier comme cela avait été le cas en Afrique (voir article V&V, mai 2007).

Et quoi de mieux encore que de le faire à bord d’un petit voilier au look traditionnel de 5,3 m habitable et équipé pour un tel voyage.

Un véritable passeport auprès des pêcheurs, une bonne manière d’aborder l’évolution du secteur.

Et comme le voilier s’appelle Skellig, cela s’imposait de débuter aux îles Skelligs, au large de l’Irlande.

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L’herbe plus verte
Après une traversée chahutée en ferry Cherbourg-Rosslare de plus de 20 heures en raison du mauvais temps, Grace, sur sa remorque, voyage confortablement sur les petites routes d’Irlande.

La mise est à l’eau est prévu à l’extrême ouest de l’île verte, à 360 km de la pointe sud-est. Avec plus de deux cents jours de pluie à l’année, on comprend vite pourquoi, en Irlande, l’herbe est aussi verte !

Pays de la tourbe, combustible qui intervient pour un quart dans la production d’énergie et d’approvisionnement en électricité, celle-ci se développe au-delà des 200 jours de douches.

Suite aux inondations survenues en août, le ministre irlandais de l’Environnement prévoit des étés à venir à l’image de cette année, marquée par de précipitations excessives.

Il fait froid, très froid. En ce mois d’août, à peine des maxima de 18 c° et moins de 5 c° la nuit. Ne parlons pas de l’eau qui malgré les effets bénéfiques du Gulf Stream stagne autour de 10c° (jusqu’à 5c° l’hiver).

Et pourtant, au moindre rayon de soleil, les gens se précipitent à la baignade… en combinaison. A Lorient, à la Cité de la Voile nouvellement inaugurée, la scénographie très bien faite, inclue des données liées à la sécurité en mer.

Il est dit qu’on peut survivre dans une eau à 10c° de 1 à 10 heures et dans une eau à 20 c° de 2 à 12 heures en fonction de l’équipement porté. Pas très rassurant tout cela.

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Bantry bay,  baie  des  anges
De tous les « lochs » irlandais, la Baie de Bantry est certainement la plus remarquable. Elle mélange falaises vertigineuses, îles aux formes étranges (éléphants, taureau), jardins étonnants et une faune omniprésente.

Dursey Head dans le dos, les flots s’apaisent. Les fous de Bassan tombent du ciel à corps perdu dans la mer. Bere Island offre les plus beaux mouillages au grands voiliers.

A Shot Head, un tapis roulant alimente les cargos en gravier destinés à la construction des routes. Enfin Glengariff, toujours sous le vent, ressemble à s’y méprendre au Morbihan, les phoques en plus.

Une colonie de plus de deux cents individus s’ébattent à l’année dans les eaux les moins troublées du Comté de Kerry. Ils sont partout. Le moindre rocher a son occupant, plongé dans une sieste, banané sur le côté. Pas farouche pour un sou.

Au mouillage, le matin où que l’on soit en fond de baie, leur tête apparaît au petit-déjeuner. Avec 15 cm de tirant d’eau, quille relevée, pas de souci de marée. On côtoie les pinnipèdes mais aussi les nombreux oiseaux d’eaux : pétrels, guillemots, macareux, sternes, huîtriers, cormorans, hérons … et bien sûr mouettes et goélands.

Seule ombre au tableau, la présence d’une raffinerie sur Whiddy Island avec ces énormes citernes peintes en vert.

On n’ose pas imaginer le résultat d’une fuite dans ce décor. Vite oubliées les citernes en abordant les rivages accueillants de Bantry, certainement le mouillage le plus sûr. Plus au sud, une mention toute particulière pour la petite Dunmanus bay avec son rocher à tête humaine planté dans les pâturages de la rive sud.

A Baltimore, c’est un peu comme si on atteignait la Bretagne nord avec sa cale encombrée de petits dériveurs qui filent en mer lorsque le temps le permet.

Base irlandaise des Glénant, restaurant français dominant les slips, rochers dentelés par la mer, foules des jours d’été.

Le voyage se poursuit de petits ports en cales, toutes aménagées et équipées d’une rampe de mise à l’eau bien pratique pour utiliser le voilier comme camping-car lorsque la mer secoue. Et puis enfin, c’est le coup de fil que j’attendais. Les frères Murphy’s de Portmagee vont aux Skelligs demain !

A la hâte, le Skellig II juché sur sa remorque parcourt les 200 kms de petites nationales de nuit pour être sûr d’être à pied d’œuvre le lendemain.

Les murs de végétation bordent les routes à peine plus large qu’un véhicule. Des fushias, hauts de 4 mètres, masquent les paysages.

Les yuccas, des arbres, baladent leur ombre dans la nuit. Une végétation luxuriante qui bénéficie de la pluie toute l’année et du climat favorable.

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L’île Noire

Le but du voyage est de contourner les îles Skelligs et de longer les côtes irlandaises, anglaises et françaises reliant le Sud-Ouest de l’Irlande au golfe du Morbihan. En août, il a fallu attendre pour visiter le site à cause du temps.

Je n’ose pas imaginer l’hiver. Il est 10 heures, pluie fine, nous sommes 12 à bord, le petit bateau de pêche transformé met le cap sur les masses rocheuses à plus de 10 miles au sud-ouest.

Il lutte contre la houle. Le moteur force les vagues. Les visages sont blêmes. Les sacs plastiques circulent. Les embruns obligent à porter le ciré complet fourni pas les pêcheurs qui restent d’une vigilance extrême.

Les consignes sont claires : personne debout, s’agripper au bastingage et encaisser les paquets d’eau difficilement contenus par des petites bâches tendues. Arrivés aux îles, la dizaine de bateaux se succèdent dans la cale. Au signal, il faut être prêt à bondir sur l’escalier glissant qui mène à la plateforme.

Et puis là tout s’arrête, si c’est ne sont les vagues qui se fracassent sur les falaises et les 20 000 couples de fous de Bassan qui survolent les aplombs venant de leurs perchoirs de Little Skellig toute proche et blanche de guano.

Hergé ne s’y était pas trompé. L’île Noire de l’album de Tintin publié en 1943 en couleur, est un éperon rocheux quasi inaccessible. Mais il n’y a ni forteresse, ni gorille. Pourtant dès le 7ième siècle, des moines en quête de solitude, sans doute inspirés par les monastères des déserts égyptiens et des coptes des hauts plateaux éthiopiens, s’installent sur Skellig Michael.

L’île, d’une extrême difficulté d’accès, va être occupée durant 6 siècles. Quelques arpents de potagers sur goémons à près de 300 m au-dessus du niveau de la mer, des œufs d’oiseaux de mer, quelques chèvres et des poissons.

Le bout du bout du Monde ! Seuls les Vikings, à quatre reprises, s’en prennent aux Dominicains qui représentent alors le savoir et la puissance spirituelle d’une région influencée par les Romains.

Aujourd’hui une équipe d’archéologues veille sur le site durant l’été. Occupant les installations du phare automatisé en 1987.

En cas d’urgence, seul l’hélicoptère peut les tirer d’affaire. Et encore. C’est sans compter la dextérité nécessaire au pilote pour poser son engin sur la plateforme à flanc de falaise battue par les vents.

Les émouvants vestiges de la présence des moines occupent les pentes aménagées à l’abri du vent.

Quelques cellules de pierres sèches, un cimetière, des enceintes, un site improbable dans un lieu coupé de tout.

Le lendemain, rebelote, à bord du Skellig II.

Je contourne les îles saluant le vieux pêcheur, guide d’hier qui fait de grands signes, levant le pousse en admirant les voiles tan, utilisées chez lui jadis pour la pêche.

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Rideaux de pluie et temps instable cyclonique
Au mouillage « méditerranéen » de Glengarriff, je croise un équipage breton venu sur leur 12 mètres affronter les courants irlandais. Pas moins de 12 heures au près pour joindre les Blaskets Islands à la baie de Bantry. Mieux vaut naviguer vers l’Est !

L’un d’eux, propriétaire d’un Skellig I, se demande ce que ce bateau peut bien faire le long des ces côtes. La réponse tient dans la question. Le long des côtes, passé la zone le ressac, avant la grande houle de l’Atlantique, vent de travers ou trois quart arrière, le Skellig trace sa route à deux ou trois cents mètres des rochers de basalte noir.

Seule inquiétude, en cas de problème, le hors-bord 4cv va-t-il démarrer ? La bougie n’est-elle pas trop humide, encrassée ?

La nourrice est-elle bien garnie ? les avirons feront-ils l’affaire ? Si je dois ramener le foc à mousquetons, en montant sur le pont, aurais-je assez de temps avant d’être mené par le vent et les vagues vers les éperons apparaissant dans l’écume ?

Les questions sont plutôt de cet ordre.

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Navigation ente deux eaux
Le voilier a la réputation d’être insubmersible, la cabine fermée, un bidon étanche et une boue fer à cheval sur le pont, l’idée d’un naufrage n’est pas d’actualité, bien qu’un chavirage pourrait toujours survenir.

Les coups de vents et les rafales sont légions et parfois là où on ne les attend pas. Sous le vent, à « l’abri » des péninsules, le vent peut se rabattre fortement et accélérer de manière inattendue.

Alors comment naviguer là où on voit les voiliers regagner rapidement les baies la proue s’enfonçant dans flots impétueux ? La solution tient dans la nature du voilier court et large.

En cas de grosse mer, dérive relevée, son volume, sa largeur importante et son effet « savonnette » en font une nacelle de survie comparable aux canots de sauvetage. Sans arriver jusque-là et évitant de vivre ce genre de situation, je m’efforce de naviguer un maximum de 5 heures à partir de l’aube.

Passé midi, les rafales débutent et le vent monte en puissance. De l’Ouest, il passe alors au Sud et les pluies reprennent de plus belle. Il y a un conseil concernant la tempête que j’ai retenu : seul à bord, mieux vaut affaler, mettre l’ancre et attendre confortablement.

Pour affaler rapidement, une balancine qui retient bôme et pointe, facilite la manœuvre. Pour le foc, de la garcette qui passe de haut en bas dans les mousquetons m’aide à ramener en un instant la toile.

Pour l’ancre, celle-ci pèse 15 kg sans parler de la chaîne plus lourde et plus longue qu’il ne faut et qui sert certainement de lest au pied du mat. Et plus fort encore, coupler une grosse et une plus petite ancre en ligne.

J’ai appris à faire des tests moteur réguliers et à nettoyer presque chaque jour la bougie du hors-bord quatre-temps très économique.

Pour l’attente, la cabine qui possède un grand volume et deux couchettes de plus de 2,4 m de long, des filets et des coffres de rangement permet de passer le temps confortablement au sec.

Les kilos de fruits secs et les soupes chinoises, une bonne radio, un ordinateur portable et de la lecture aident à meubler l’attente.

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Bouées rouges et bouées jaunes
Après une remise à l’eau rapide, j’amarre le taquet arrière de tribord à une bouée jaune à la limite des corps morts de la baie de Knight Town.

Bon ce n’est pas très académique. Pour quelques minutes, le temps de passer la garcette dans les œillets de la grande voile. Une bordée d’injures fuse d’une barque de pêcheur où deux encasquetés s’affairent à mettre à la mer des flotteurs.

Il m’a fallu un peu de temps pour comprendre que je m’étais amarré à leur ligne de casiers. Donc en Irlande, priorité à la pêche et seules les bouées rouges constituent des corps morts… et encore, j’ai vu des pêcheurs installer des lignes à gros flotteurs rouges à quelques mètres des voiliers au mouillage.

Les Irlandais sont tous très charmants tant qu’on ne touche pas à leurs casiers. Mais attention, les bouées rouges peuvent aussi être utilisé pour les filets à saumons.

Conclusion, il n’y a pas de règles et dans les ports de pêche, on est toujours invité à se mettre à couple, solution plus conviviale si on supporte les odeurs tenaces de poisson.

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La pêche artisanale en Irlande
Le secteur de la pêche en Irlande a bien changé et force est de constater que l’idée de base de mon approche s’est vue grandement changée une fois sur place. La pêche s’est orientée, ces dernières années, vers des activités plus rémunératrices.

Il y a utilisation de nasses pour les crustacés, dont les crabes qui abondent. Les petites unités pratiquent une pêche sélective à l’hameçon et emmènent en mer des touristes et des pêcheurs sportifs venus de partout.

Le coût de la vie en Irlande s’est considérablement accru depuis une dizaine d’années (L’Irlande détient la seconde place dans l’Union Européenne !). Le poisson y est vendu à bon prix, directement au détaillant.

Des espèces à plus value comme le saumon sauvage et les crustacés offrent une manne non négligeable. Les espèces en fin de chaîne alimentaire pullulent, résultat probable de la surpêche des carnassiers.

C’est le cas des crevettes et des céphalopodes qui équivalent sur terre aux insectes et aux rongeurs qui se développent faute de prédateurs.

Les équipements ont également évolué. Les moteurs consomment bien moins qu’avant répondant ainsi aux préoccupations face aux coûts du carburant.

Pays émergeant, l’Irlande possède une flottille assez neuve. L’aquaculture s’est réduite suite aux conséquences désastreuses observées en Ecosse ou ailleurs mais elle délocalise vers des pays en voie de développement, moins regardant sur les conséquences environnementales.

La spécificité des côtes irlandaises du sud-ouest favorise également le secteur. Les fonds sont rocheux, donc difficile d’utiliser des filets mais les poissons de roche abondent.

Les eaux riches en plancton grâce aux mélanges des courants atlantiques favorisent les sites de prélèvement peu éloignés de la côte.

La météo ne permet pas une pêche intensive commec’est le cas dans d’autres mers. La pêche artisanale, telle que pratiquée en Irlande, aurait encore de beaux jours, si le poisson reste un produit rare sur le marché donc cher et que les repos biologiques sont respectés.

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Et ailleurs ? Tous les voyants sont au rouge.
Les aides européennes ont été courageusement suspendues et le chalutage va disparaître faute de rentabilité à cause du coût des carburants.

De l’avis des spécialistes, ce qui pourrait sauver la ressource c’est que l’on considère enfin le poisson comme un véritable produit de luxe. Il est encore accessible à tous sous la forme d’espèces exotiques transformées en fishsticks ou en filets recomposés, trompant ainsi les consommateurs.

La ressource est au plus mal et sans moratoire sur certaines espèces, c’est toute la mer qui risque de connaître des déséquilibres que nous ne soupçonnons pas, faute de connaissances.

Le plancton a plus d’importance que toutes les forêts réunies dans la neutralisation du carbone émis mais, ce sont les baleines et les dauphins qui émeuvent l’opinion publique, faute d’une médiatisation pragmatique dénuée de romantisme.

Rappelons quelques données utiles: les poissons, comme les gibiers, n’ont pas la traçabilité du bœuf d’où le flou sur leur origine qui autorise à penser au pillage des eaux des pays du sud. La pêche industrielle rejette 1/3 des prises, un véritable scandale à l’échelle planétaire ! Une biomasse sacrifiée sur l’autel des tendances alimentaires.

Chez nous, l’aquaculture de saumons gavés d’antibiotiques nécessite la transformation en farine de tonnes de sardinelles d’Afrique.

Avec la disparition des espèces, les navires européens ne pêchent plus que le thon en zone tropicale, espèce menacée de disparaître.

Ce sont les pays émergeant d’ Asie qui alimentent l’industrie mondiale en déplaçant leurs flottes vers des mers riches avec des droits d’accès peu transparents. S’ils sont fautifs, nous le sommes tout autant, en consommant sans discernement.

Alors, comme pour tous les secteurs, il faut une vision globale du roblème et des solutions mondialistes.

Sommes-nous disposez à payer trois fois plus cher le poisson pour préserver la ressource ? Il le faudrait. Les plaisanciers qui jouissent de la mer devraient s’intéresser à ce problème crucial.

Nous devrions changer nos habitudes et manger de la sardine et de la carpe d’élevage plutôt que du saumon intoxiqué ou du thon. Dans 10 ans, les spécialistes prédisent que l’aquaculture fournira plus que la pêche.

Les solutions existent, nous détenons une partie d’entre-elles, en changeant nos habitudes alimentaires.

Dans l’aventure humaine, le danger vient des habitudes.

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